So critique

Roman – Une suite d’évènements pas terribles

Si vous aimez les articles intéressants, qui vous apprennent plein de choses et qui vous laissent le sourire aux lèvres, vous feriez mieux de lire un autre article. Car non seulement celui-ci est mal écrit, mais il est aussi malpoli, et il a des chaussettes trouées. Vous êtes prévenus.

Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire est une série de livres pas du tout désastreuse. Je me souviens avoir dévoré, entre mes 10 et 14 ans environ, les 13 tomes, attendant impatiemment la fin, la révélation du mystère (en écrivant ces mots, je me rends compte que je ne me souviens même plus du dénouement.)

Ce sont donc trois enfants, Violette, Klaus et Prunille, qui perdent leurs parents et vont devoir faire face à une sombre histoire de tentative de vol d’héritage par un certain Comte Olaf. Au long des cinq tomes, ils vont se faire des amis, des ennemis, vont aller de déceptions en surprises, découvrant que le monde n’est pas tout rose, que les méchants ne sont pas toujours des salops pour rien, que les gentils peuvent parfois être lâches, que les lâches peuvent être courageux et que les sous-marins, c’est rigolo.

Le ton est relativement sombre pour un bouquin jeunesse, mais rempli d’humour. L’auteur sait se défaire du carcan du roman classique en s’amusant avec la typographie, les subversions de cadres narratifs, les jeux de mots et ainsi de suite. Voyez plutôt :

« Le livre était interminable, et difficile de lecture, et Klaus se sentit de plus en plus épuisé à mesure qu’avançait la nuit. Parfois, ses yeux se fermaient. Il se retrouvait à lire la même phrase encore et encore. Il se retrouvait à lire la même phrase encore et encore. Il se retrouvait à lire la même phrase encore et encore. »

Lemony Snicket – pseudonyme de l’auteur Daniel Handler – est même un personnage à part entière du livre. L’auteur crée tout un réseau de références internes et externes à la saga, et fabrique une vie au narrateur. Un bel exemple donc, pour les profs de français présents dans la salle, de distinction auteur/narrateur.

Une grande originalité de l’auteur, c’est aussi celle de redoubler d’interventions métanarratives, c’est-à-dire des remarques qui commentent le texte même, que ce soit dans le fond ou dans la forme. Ainsi, il y a très fréquemment des mots expliqués entre tirets, expliqués avec humour, certes, mais qui permettent néanmoins au jeune lecteur d’apprendre de nouveaux mots ou de nouvelles expressions. Le titre même de l’avant-dernier roman est « le Pénultième Péril ». Et bah je peux vous dire que quand j’ai eu le livre entre les mains, mon premier réflexe fut d’aller chercher la définition de ce mot étrange.

Je vous conseille vivement la lecture de la page de citations sur wikipédia, si vous ne voulez point vous farcir la lecture de la saga entière : ça vaut le coup d’œil.

http://fr.wikiquote.org/wiki/Les_D%C3%A9sastreuses_Aventures_des_orphelins_Baudelaire

Bon, c’est pas tout ça, mais écrire cet article, ça m’a vraiment donné envie de les relire, les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire. (au moins, cet article aura donné envie à quelqu’un). Surtout qu’il y a probablement des tas de références que j’ai loupées quand j’étais gamine, et que j’aimerais bien repérer aujourd’hui… Nan mais sérieusement, rien que le titre « les Orphelins Baudelaire », le nom du banquier,  « Poe », c’est pas anodin, si ? Si ? Et vous me dites quoi du tome « Cauchemar à la Scierie »… qui met en scène le cabinet d’optique du Docteur Orwell, avec un gros œil dessiné dessus ? D’ailleurs, le même tome fait une peinture acerbe de la vie des ouvriers dans les usines, et de leur relation avec la direction : le narrateur cherche à dresser le portrait de la société à travers les histoires souvent loufoques qui arrivent aux héros.

Bref, tout un tas de référence à découvrir et redécouvrir… Dont une à Nietzche (voilà qui devrait convaincre Cynique ! :p) “Quiconque combat des monstres doit prendre garde, en ce combat, à ne pas devenir monstre lui-même” Faudrait quand même que je les relise en anglais, parce que déjà ça fait classe, et en plus bah, ça fait classe.

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