Tout d’abord, pardon pour la référence un peu pourrie du titre.
Babybatch est un livre que j’ai acheté à la suite du billet de Cunéipage, un blog littéraire que je vous conseille d’ailleurs.
Qu’ai-je pensé de ce livre… Eh bien d’abord, je l’ai lu d’une traite. C’est bon signe, non ? Le style est fluide, j’y repensais après l’avoir fermé, et surtout les personnages sont plaisants – intrigants, plutôt, je crois. On a envie de mieux les comprendre, parce qu’ils sont assez atypiques.
Mais finalement, ce qui m’a le plus frustrée c’est justement que je n’ai jamais eu le sentiment de les comprendre tout à fait. L’auteur décrit en fait le genre de personnes que l’on rencontre mais qui restent un mystère entier qu’on n’aura pas le temps de décrypter avant qu’ils sortent de nouveau de notre vie. Mais du coup, faire tourner toute une histoire autour de personnages dont on ne fait qu’effleurer la surface… Je ne sais pas, ça me laisse un peu mitigée. Pourtant, l’auteur alterne beaucoup les points de vue, et presque tous les personnages ont des moments de narration interne. Ceci a accentué ma frustration : leur inaccessibilité n’était pas justifiée par le fait que le personnage principal, Dominique, ne connaissait pas leur intériorité. J’avais l’impression que l’auteur ne choisissait pas de parti clair.
Je n’ai toujours pas parlé du sujet principal du roman. L’adolescente, Dominique, nourrit une grande fascination pour l’acteur Benedict Cumberbatch, qu’elle trouve beau dans ce qu’il a justement d’atypique et d’étrange. Malheureusement, je suis ressortie du livre en ressentant une certaine aversion pour l’acteur (que je n’ai pas beaucoup vu à l’écran par ailleurs). Il ne m’a jamais, au cours du récit, semblé sympathique ou attirant, et chaque description qui en était faite m’a laissé l’impression qu’il n’a aucun charisme. Du coup, il m’était difficile de comprendre l’engouement de Dominique pour cet homme. Je suis donc restée sans arrêt à distance du personnage principal, sans jamais rentrer complètement dans son monde. Pourtant, je me suis reconnue en elle, dans sa manière de vivre son admiration pour cet acteur. Mais je n’arrivais pas à comprendre son obsession, car j’avais l’impression qu’elle était constamment déçue par lui, qu’elle le trouvait idiot et peu intéressant, et pourtant son amour allait quand même croissant.
Techniquement, il y a des choses qui ont gêné ma lecture : des changements de point de vue assez perturbants (avec un paragraphe qui commence du point de vue de Dominique et passe en cours de route sans transition à celui d’un autre personnage, par exemple) ; une répétition fréquente de choses déjà dites plus tôt (au bout de la troisième fois à relire le même commentaire, j’ai l’impression d’être prise pour une lectrice inattentive qu’il faut sans arrêt remettre à jour), des choix d’écriture étranges (ex : alors que les noms propres sont donnés tout au long du livre – puisque l’histoire se déroule dans un cadre réaliste et très contextualisé – on se retrouve face à la phrase suivante « au bas de chez elle dans la rue de **** ». Je n’ai pas vraiment compris pourquoi les étoiles étaient utilisées à cet endroit là. Autant dire « dans sa rue », si vraiment l’auteur ne voulait pas la nommer), et enfin, la citation très longue d’une pièce de Shakespeare, en particulier dans sa traduction française (puisque le livre est français) qui à mes yeux n’ajoutait absolument rien au livre et était une façon un peu trop facile pour l’auteur de se réfugier derrière les mots magnifiques d’un écrivain réputé pour s’assurer d’achever son roman en beauté.
J’ai eu envie de lire ce livre pour cette citation : « Il existait bien des manières de gâcher sa vie, il s’agissait de trouver la bonne. » Malheureusement, je trouve que ce genre de pépites est un peu trop rare dans la prose de l’auteur.
J’ai aimé que l’auteur esquisse une réflexion sur la société d’aujourd’hui, sur la place d’une idole dans la vie de quelqu’un. En faisant le parallèle entre la mère de Dominique qui était fan de Mick Jagger et Dominique elle-même, amoureuse d’un acteur anglais, elle fait à plusieurs reprises un commentaire féministe qu’elle exprime mieux que moi : « Elle était féministe, ce qui ne l’empêchait pas d’adorer Benedict Cumberbatch, et elle sentait quelque contradiction dans ce double mouvement de résistance et d’idolâtrie. Est-ce que vraiment les femmes pourraient un jour cesser d’aimer les hommes ? ». Je crains cependant avoir à peu près résumé ce que l’auteur en dit ; le reste du livre n’en donne que la preuve par l’exemple.
J’ai beaucoup aimé un passage en particulier, que je vais vous livrer.
« Quand elle connaîtrait mieux Benedict, quand elle aurait l’occasion de le rencontrer vraiment, peut-être de devenir son amie, il lui serait gré de ne jamais avoir divulgué de choses trop personnelles à son sujet. »
Je m’y suis beaucoup retrouvée, et me suis revue quand j’étais jeune et que je croyais un peu sans vouloir admettre totalement que c’était sincère (et ai-je vraiment cessé d’y croire ?) qu’un jour je jouerai dans un film avec Jude Law.
Une critique finalement assez différente de celle de Cunéipage, mais je ne regrette pas pour autant d’avoir lu ce livre qui m’a bien plu malgré cet article plutôt négatif (mais je ne voyais pas trop l’utilité de m’étendre sur ce que j’ai apprécié).