So critique

Nouvelles – De la société moderne

L’accumulation primitive de la noirceur, de Bruce Bégout, porte bien son nom. Au cours des nouvelles qui composent ce recueil, on se retrouve plongés dans l’ambiance glauque et sombre d’un parking éclairé au néon.

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Bruce Bégout dépeint une société de consommation pervertie, perdue dans la démesure et la débauche, à la surface brillante comme une couverture de magazine de mode mais dont les profondeurs renferment des recoins sombres, des rues sales, encrassées de piétinements de piétons sur les trottoirs et de traces que les voitures laissent sur la chaussée, transpirantes de la pisse des clochards ou des jeunes qui sortent de leur soirée de beuverie, exhalant les odeurs de tabac froid et de parfum bon-marché.

On y découvre la vie d’un vendeur de roses à la sauvette, les pensées intimes de Kate Moss, les activités d’un suiveur professionnel. L’écrivain invente l’allégorie d’un monde ruiné où les hommes sont comme des animaux suivant les instincts primitifs que leur dicte la société moderne.

L’écriture est parfaitement maîtrisée, minutieusement mesurée, tranchant avec les sujets vulgaires dont l’auteur traite ; les mots s’enchaînent parfaitement, sans complexité ni simplisme. Le vocabulaire en particulier est très riche et agréable.

Mes quelques regrets :

  • La fin de certaines nouvelles me laissait un peu sur ma faim.
  • La majorité des protagonistes était de sexe masculin… Je n’ai pas trop compris pourquoi.
  • Certaines histoires étaient un peu opaques et un peu trop « abstraites ».
  • Je n’ai pas compris certains titres de nouvelles, ni ceux des trois sections, ni le principe qui régissait l’ordre des nouvelles, et tout cela m’a parfois paru un peu snob.

 

Je vous laisse sur une citation et une vidéo de l’auteur qui parle de son livre.

A ses yeux, le capitalisme n’était pas un système économique qui, depuis deux siècles, avait prouvé son efficacité, mais un lent, profond et implacable enlaidissement du monde qui appauvrissait l’expérience de tout un chacun pour lui substituer une gangue ridicule de désirs mesquins et jamais satisfaits.

 

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